Nous parlons d’impôts et c’est moi qui monte à la tribune, aië, aië, aië, ça promet… Mais non, je ne vais pas vous faire une « Gemperli », comme le craignait ce soir déjà un de vos collègues de ce côté-ci de l’hémicycle. Mais j’aimerais partager quelques réflexions concernant le taux d’imposition communal.

Nous voilà, une fois encore, confrontés à une proposition budgétaire qui non seulement projette un déficit abyssal de 10 millions de CHF mais qui, de surcroit, nous propose de maintenir le cap, le cap de l’augmentation de la dette, comme si la tempête financière que nous traversons n’était qu’une simple brise passagère.

Permettez-moi de pointer du doigt une incohérence criante : Bien que les charges, y compris celles dites « maîtrisables », s’alourdissent année après année, notre approche reste statique. Ah oui, les fameuses charges « maitrisables », qui n’ont de maitrisables que le titre… car si on veut les réduire, on doit réduire les services aux citoyens, par exemple fermer les crèches ou arrêter d’entretenir les espaces publics, ce qui manifestement personne ne veut – et à juste titre. Nous venons de l’apprende ce soir, les charges « maitrisables » de la commune augmentent de 3,3 millions de CHF. Cependant, la réalité arithmétique est impitoyable : si nous maintenons le cap de la dette croissante, notre plafond d’endettement devra inévitablement être réévalué à la hausse très prochainement, ou bien, ou bien, nous trouverons, comme par miracle, une source de revenu supplémentaire. En ce qui me concerne, l’idée, issue du capitalisme prédateur, qui est de couvrir des dettes par des nouvelles dettes, ne me convient pas du tout, elle nous mènera tout droit vers la prochaine crise, qui portera déjà en soi les graines de celle d’après et ainsi de suite.

La Commission des finances se dit préoccupée. La marge d’autofinancement, pour prendre un autre indicateur, qui était, il y a encore peu autour de 8 et 10 millions de CHF, s’établit aujourd’hui à peine à 2 millions. Et pendant que la CoFin grince des dents, que proposons-nous ? Rien.

Mais attendez, chers collègues, le tableau se teinte encore plus sombre. Les projections économiques risquent de faire fléchir nos revenus fiscaux, tandis que nous devons faire face à une augmentation continue des charges.

Alors nous voilà, coincés entre des charges manifestement incontrôlables en croissance continue et des rentrées fiscales qui se contractent, et tout cela dans un contexte économique compliqué.

Je crains que nous allions être confronté à la pénible situation où une légère augmentation d’un point d’impôts, en plus affecté à la transition énergétique et qui aurait donc permis de réduire nos charges, ne suffira plus. On devra expliquer aux contribuables pourquoi nous n’avons pas réussi ce soft-landing fiscal avec un petit point symbolique et qu’on va devoir les charger de 3, 4 ou 5 points d’impôt de plus d’un coup.

Malgré ce scénario alarmant, la Municipalité ne propose aucune réflexion, aucune mesure tangible pour aborder le problème de front. Notre chère CoFin se déclare inquiète, mais semble étrangement paralysée, dépourvue d’idées. Il y a de quoi s’inquiéter.

Et puis, il y a ce mur de la dette qui se profile, rapidement et inéluctablement. Un mur que nous ne pouvons ignorer en enfouissant nos têtes dans le sable.

Ma décision de m’abstenir lors du vote au sein de la CoFin est une protestation face à un manque cruel de vision, une CoFin qui faut l’autruche et une majorité des partis politiques qui refusent tout ajustement fiscal, même le plus léger, même le plus nécessaire.

Je vous laisse avec cette question, chers collègues : sommes-nous vraiment prêts à expliquer à nos concitoyens pourquoi nous n’avons pas agi de façon pondérée quand nous le pouvions ?

Je vous remercie de votre attention.